PODCAST : Audiovisuel public : Cette réforme controversée
La réforme de l’audiovisuel public français, portée par la ministre de la Culture Rachida Dati, a pour objectif principal la création d’une holding unique, “France Médias”, qui regrouperait France Télévisions, Radio France et l’Institut National de l’Audiovisuel (INA).
Cette entité serait dirigée par un PDG unique nommé pour cinq ans par l’Arcom. Initialement, le projet prévoyait aussi des filiales spécialisées comme “Ici” (France 3 et France Bleu) et “Franceinfo” (équipes information radio et télévision), bien que France Médias Monde ait été exclu du périmètre lors des débats parlementaires. Les objectifs affichés de cette réforme sont de moderniser l’audiovisuel public face aux plateformes numériques, de mutualiser les ressources, d’optimiser les coûts, de renforcer sa résistance face aux géants du streaming et d’améliorer son attractivité, notamment auprès des jeunes publics.
Cependant, cette réforme fait face à une opposition massive des syndicats et salariés du secteur, qui ont mené le mouvement de grève le plus important de l’histoire de l’audiovisuel public français à l’été 2025. Les opposants craignent notamment une remise en cause de l’indépendance éditoriale et du pluralisme de l’information, un retour à un modèle centralisé rappelant l’ORTF, des menaces sur l’emploi et les conditions de travail.
Le projet intervient dans un contexte de crise budgétaire majeure pour l’audiovisuel public, avec un déficit inédit de France Télévisions en 2025, et un financement désormais basé sur une fraction de TVA suite à la suppression de la redevance.
Le parcours parlementaire a été chaotique, marqué par l’utilisation de la procédure du vote bloqué (article 44.3 de la Constitution) par Rachida Dati au Sénat le 11 juillet 2025 pour faire adopter le texte.
Des comparaisons avec le modèle britannique de la BBC, qui a subi d’importantes coupes budgétaires et suppressions d’emplois, soulèvent des interrogations sur la pertinence de cette approche. Les controverses judiciaires entourant la ministre Rachida Dati (mise en examen pour corruption et trafic d’influence) ajoutent à l’incertitude quant à l’avenir de cette réforme.