Après avoir perdu 200.000 abonnés le dernier week-end d’octobre en raison de son refus de soutenir l’un ou l’autre des candidats à la Maison-Blanche (cf. LLA du 30 octobre : lire encadré ci-dessous), le Washington Post explique, par l’intermédiaire de son patron Jeff Bezos, les raisons de son choix. A noter que le quotidien avait soutenu le camp démocrate à toutes les élections depuis 2008. Dans un édito intitulé «La dure vérité : les Américains ne font pas confiance aux médias», le propriétaire du titre depuis 2013 explique que la crise de confiance que traversent les médias ne fait qu’empirer : «D’habitude, les journalistes et les médias arrivent tout en bas des indices de confiance, souvent juste au-dessus du Congrès. Mais dans le sondage Gallup de cette année, nous avons réussi à tomber en dessous du Congrès», constate l’homme d’affaires. Pour mieux se faire comprendre, celui-ci fait une analogie avec les machines à voter, qui selon lui «doivent répondre à deux exigences : elles doivent compter les votes avec précision, et les gens doivent être certains qu’elles comptent les votes avec précision.» Et de poursuivre : «Il en va de même pour les journaux. Nous devons être précis et nous devons être considérés comme exacts. C’est difficile à avaler, mais nous échouons à la deuxième exigence.» Bref, d’après Jeff Bezos, «la plupart des gens pensent que les médias sont partiaux», et décider de soutenir l’un des deux camps de la course à la présidentielle ne ferait que renforcer cet état de fait. «Il serait facile de blâmer les autres pour notre longue et continue chute de crédibilité (et, par conséquent, notre déclin d’impact), mais une mentalité de victime ne servira à rien. Se plaindre n’est pas une stratégie. Nous devons travailler plus dur pour contrôler ce que nous pouvons contrôler afin d’accroître notre crédibilité.» Un objectif qui passe obligatoirement par la neutralité politique, conclut le patron du quotidien. Reste à voir si cette mise au clair fera remonter la courbe des abonnements…
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