C’est un accord inattendu, à la hauteur des tensions qui ont accompagné la dernière campagne présidentielle américaine. La chaîne CBS et sa maison mère, Paramount Global, ont accepté de verser 16 millions de dollars pour mettre fin à une plainte déposée par Donald Trump (cf LLA du 20 mai : La PDG de CBS quitte le groupe). L’ancien président, redevenu candidat, accusait l’émission «60 Minutes» d’avoir manipulé une interview de Kamala Harris, alors en pleine course à la présidence, pour la présenter sous un jour plus favorable.
Traitement différencié
L’affaire remonte à l’automne 2024, lorsque CBS diffuse une double version d’un entretien avec Kamala Harris. Dans l’une, plus courte, Harris semble hésitante sur la question d’Israël. Dans l’autre, plus longue, diffusée sur d’autres canaux numériques du groupe, elle donne une réponse plus construite, et paraît plus ferme. Donald Trump et son coplaignant, le représentant républicain Ronny Jackson, dénoncent alors une forme de traitement différencié, potentiellement électoraliste. Ils intentent une action en justice, accusant CBS de «manipulation médiatique», et réclament la somme vertigineuse de 10 milliards de dollars, montant qui sera ensuite doublé dans un amendement déposé en février 2025. Après des mois de négociations, et alors que Paramount est en pleine procédure de fusion avec Skydance Media (une opération hautement surveillée par les autorités fédérales), la décision est prise d’en finir à l’amiable. L’accord, révélé ce 2 juillet 2025, prévoit un versement unique de 16 millions de dollars. L’argent ne sera pas directement reversé à Donald Trump, mais à sa future bibliothèque présidentielle ainsi qu’aux frais juridiques. CBS s’engage également à modifier ses pratiques : toutes les futures interviews de candidats à la présidence diffusées dans «60 Minutes» devront être accompagnées de leur transcription intégrale, sauf raisons de sécurité ou impératifs juridiques. Une manière de désamorcer toute accusation de montage partial ou de distorsion des propos. S.M.